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Périple de l'éléphant roux

De la puissance atlantique à l'atlantisme, généalogie de la France entre les deux Hermione

19 Avril 2015, 21:54pm

Publié par Damien CHIAVERINI

Le 18 avril 2015, l’île d’Aix a fêté en grande pompe le départ de l’Hermione, reproduction fidèle du navire qui conduisit La Fayette en Amérique, pour le voyage qui doit la mener sur les côtes des anciennes Treize colonies qui se révoltèrent contre la souveraineté du Roi d’Angleterre. Empruntant, par les Canaries, la traditionnelle route des vents qui gonfleront la voilure de ses trois mats, elle offrira l’élégance de sa silhouette ainsi que l’éclat bleuté et doré des couleurs de cette frégate de la Royale du temps de Louis XVI aux regards émerveillés des spectateurs des différents ports de la Nouvelle-Angleterre, remontant de Yorktown jusqu’au dernier bastion français de Saint-Pierre-et-Miquelon, avant que de retourner vers la Mère-patrie. Ce splendide bâtiment, construit depuis 1997 par un groupe de passionnés en suivant les techniques d’époque, armé comme son glorieux devanciers de 26 canons tirant des boulets de 12 livres, et de 8 autres en tirant de 8 livres, tracera sa ligne sur l’océan, en y ramenant le redoutable lion grondant, tenant entre ses pattes, à la proue, l’écusson fleurdelisé de la Maison Capétienne, manifestation poétique du retour sur les mers de la Flotte du Roi de France. L’illusion, quasi parfaite, de voyage temporel que seront parvenus à ainsi créer les maîtres d’œuvre et l’équipage de ce merveilleux projet, ne sera empêchée de nous transporter tous dans le complet rêve que par la présence, obligatoire en vertu des actuelles lois maritimes, du pavillon tricolore en lieu et place du blanc, détail trahissant hélas le changement d’époque et symbolisant involontairement la révolution que notre pays a opéré depuis lors dans sa conception des relations internationales.

L’arrivée, en 1780, de La Fayette, aux côtés des insurgents américains, succéda de quelques années à la volonté royale d’appuyer le camp des Bostoniens dans la lutte qu’il menait pour s’émanciper de la tutelle anglaise. De fort discrète qu’elle était au moment où Beaumarchais organisait son trafic d’armes, cette aide se transformât en appui militaire direct, à partir de 1778, par l’envoi de troupes et d’officiers qui, tels Rochambeau ou La Rouërie, écrivirent une nouvelle page dans l’Histoire martiale et romantique du Royaume des Fleurs de Lys. La décision de prendre une part majeure dans ce conflit que subissait l’Angleterre résultait de la volonté de revanche qui avait suivi le renoncement à la plupart de ses possessions coloniales auquel fut contrainte la France par le Traité de Paris de 1763, qui actait sa défaite à la Guerre de Sept Ans. Louis XVI, qui grâce à l’action antérieure de Choiseul bénéficiait d’une solide marine de guerre, jugea l’occasion excellente pour venger l’affront et réduire l’espace ultra-marin anglais. L’opération, pour financièrement ruineuse qu’elle fut en vidant le Trésor public de près d’un milliard de livres tournois, participait d’une géopolitique extrêmement bien pensée, qui voyait en l’Angleterre l’adversaire le plus dangereux de la France, auquel l’Empire des mers ne devait pour rien au monde être abandonné. En favorisant la sécession des territoires de la Nouvelle-Angleterre, Versailles espérait casser le véritable monopole marchand que Londres s’échinait à établir, à son profit, sur l’Atlantique Nord voire au-delà. Si le grave revers subi, à cette occasion, par George III ne permit pas la restauration de l’influence française en Amérique, le solde politique qu’en retira la France fut loin d’être négligeable puisque le Traité de Versailles lui permettait de s’assurer la reconnaissance de ses possessions africaines et antillaises, de récupérer ses comptoirs des Indes et d’augmenter l’étendue de ses droits de pêche sur les Grands Bancs de Terre-Neuve. La constitution des Treize colonies en Nation et la fixation de la frontière occidentale du nouvel Etat au Mississippi constituaient, certes, l’acte de fondation d’une future puissance, mais il était sage de préférer l’éclosion d‘une entité qui avait tout à construire plutôt que de permettre à l’ennemi héréditaire de prétendre à la souveraineté sur l’ensemble de l’Amérique septentrionale. Le calcul de Louis XVI permit à la France napoléonienne de ne pas être immédiatement anéantie par un Royaume-Uni qui aurait été doté d’une base arrière continentale si puissante, et à celle du XIXème siècle de ne pas se voir complètement interdire toute possibilité d’expansion coloniale qu’aurait pu édicter un pays qui se serait défini comme un Empire-Monde, en progression ininterrompue depuis le règne d’Elisabeth.

La politique extérieure du dernier Roi de droit divin qui ait ceint la couronne obéissait donc au plus grand des pragmatismes et répondait d’une détermination des intérêts français sur le long terme. Les actions enclenchées par le Trône ne constituaient jamais que le moyen d’atteindre à la réalisation de ces objectifs vitaux. Le premier d’entre eux était de préserver la possibilité d’un rayonnement français par l’abaissement de la puissance anglaise. Et cet abaissement passait notamment par la contestation et la dislocation des territoires coloniaux administrés par Whitehall. Si la cause des insurgents américains était populaire dans le Royaume et enflammait tant l’imagination des lecteurs de Rousseau, qui brossaient le tableau de solides et vertueux paysans qui se mouvaient dans une Nature grandiose et infinie, que le gout de l’aventure de nombre de cadets de familles nobles qui y voyaient un excellent moyen de se couvrir de gloire voire de s’enrichir, le soutien français n’était cependant guidé par aucun idéalisme abstrait. Le Roi et ses ministres voyaient en cette révolution une occasion d‘arracher les Treize colonies à l’orbite anglaise et absolument pas l’annonce du paradis sur terre ou la construction d’un modèle politique et social parfait qu’il se faudrait d‘imiter en tous points. L’alliance conclue avec les chefs de la rébellion obéissait à la plus pure tradition française qui, pour se préserver de la menace d’entités continentales ou maritimes exagérément étendues, avait toujours cherché à pratique l’alliance de revers. C’était déjà la logique de François Ier vis-à-vis de la Sublime Porte, ce le serait tout autant pour Napoléon à l’égard de la Perse. L’entrée en guerre de la France aux côtés des insurgents ne poursuivait donc qu’un but géopolitique rationnel, dont la pertinence n’était appréciée qu’au regard des intérêts supérieurs de la France. Cette justification se suffisait à elle-même et ne cherchait le paravent d’aucune philosophie messianique qui aurait tenté d’identifier son camp à des concepts désincarnés. La France ne luttait pas pour la liberté en marche ou la tolérance et l’ouverture faites Nation, notions qu’elle avait la sagesse de savoir ne relever en rien du temporel et donc du monde physique et humain dans lequel évoluent les Etats. Pour simplement réaliste et intéressée qu’elle était, l’alliance conclue par la France était politiquement saine puisque ne reposant justement sur aucune représentation idéaliste, c’est-à-dire irénique et donc vite démente par distanciation absolue entre le réel et le proclamé, du monde. Cette rencontre des intérêts de la France avec ceux des insurgents était donc jugée, sur un plan parfaitement classique, comme ni exclusive ni irrévocable. Versailles, ne cherchant pas à se présenter comme le champion d’une idéologie particulière, ne se privait donc pas de conclure des traités avec des puissances qui étaient totalement étrangères aux catégories mentales des hommes qui se réuniraient sous peu à Philadelphie, et ne s’offrait pas l’insupportable ridicule de vouloir dicter auxdites puissances leur régime politique ou leurs règles sociales. Ainsi, quelques mois après la bataille de Yorktown, la France passait, en 1782, un accord avec le très hindouiste Empire Marathe, afin d‘unir leurs forces contre les Anglais dans le sous-continent indien. Plus tard, en 1787, elle obtiendrait du Roi de Cochinchine un alléchant monopole dans le commerce extérieur de cette région contre l’engagement d’un soutien militaire à la dynastie du Sud si celle-ci venait à être menacée par celle du Nord du pays. Dans le même temps, une fois passée l’euphorie du Traité de Versailles, l’absence d’avantages économiques véritables concédés par les jeunes USA à la France avait fini par distendre les relations entre les deux pays, aucun des deux ne postulant que son propre devenir pouvait intéresser l’autre.

Cette conception classique des relations internationales, que même le profond mysticisme de l’époque des Croisades n’avait jamais entamé, quand, par exemple, Philippe Auguste était rentré consolider son royaume en laissant Richard à ses chimères ou quand la très catholique Venise préférait dépecer Byzance plutôt que de guerroyer trop ardemment contre les armées musulmanes, a commencé à être battue en brèche à la Révolution, où les accords entre états se concluaient officiellement sur la base de principes de philosophie politique plutôt que sur celles de leurs seuls intérêts. Et s’il convient de ne pas exagérer la réalité des proclamations idéologiques qui étaient censées animer les Etats et qui n’excluaient pas l’existence de motivations plus terre-à-terre, il n’en demeure pas moins que les coalitions formées contre la France se montaient au nom de la restauration du gouvernement monarchique et pour faire pièce au chaos révolutionnaire, lorsque la France du Directoire, quant à elle, se faisait la garante de « républiques sœurs ». C’est dans ce passage du cousinage biologique de Souverains, qui n’hésitaient pas à faire passer leur Couronne bien avant leur parentèle, à la sororité de régimes politiques que réside l’un des basculements du monde. Car succède alors à la rationalité assez concrète et plutôt empirique des personnes morales que sont les Etats, l’appel à des références bien plus évanescentes et presque ésotériques, dont l’appréhension se fait tout sauf évidente.

Si, traditionnellement, l’Etat se conçoit comme un cadre en charge de régir les populations qu’il abrite de la manière la plus efficace possible pour assurer leur sécurité et si possible leur prospérité économique, au sein d’un monde ontologiquement violent et dangereux, sa définition comme l’organisateur de principes supérieurs qui visent l’accomplissement de notions moins basiques mais fort imprécises, à l’instar du bonheur ou de l’égalité, le condamne à une subordination par rapport à des Idées pures qui lui sont non seulement extérieures mais supérieures. La distinction du temporel et du spirituel qui permettait au premier d’établir une action politique qui soit autonome du second, est alors remplacée par une confusion des buts politiques et des impératifs moraux. Cette fusion pourrait passer pour noble et éminemment souhaitable si la définition des droits naturels et autres principes moraux supérieurs relevait d’une Vérité révélée et intangible, parfaitement indépendante de l’époque et des hommes censés les suivre, qui pouvait se passer de toute exégèse et mettait naturellement chaque Etat à égalité. Le problème majeur est que ce postulat d’universalisme de concepts, qui seraient à la fois parfaitement uniformes et d’une aveuglante clarté, ne résiste en rien à l’observation de la complexité et de la diversité humaines. Se pose alors, en l’évidente absence de consensus, l’épineuse question de la détermination de l’autorité responsable de l’expression du licite et de l’illicite. L’égalité théorique entre acteurs étatiques cède alors la place à une hiérarchie morale. Et, bien évidemment, cette verticalité ne s’établit pas sur la reconnaissance spontanée du plus vertueux mais sur l’imposition par le plus puissant de sa légitimité. Et la subordination qui est ici exigée ne relève plus de la seule relation d’Etat premier face à l’Etat client, lequel a droit à la bienveillance du premier dès lors qu’il ne fait pas montre d’hostilité guerrière et verse un tribut. La sujétion y est bien plus absolue puisque s’intégrant dans un cadre conceptuel qui prétend définir l’ensemble social. L’Etat client n’est plus simplement dans une subordination, autonome sur le plan interne. Il est sommé d’abdiquer tout particularisme pour devenir clone impuissant de celui qui le commande, remplaçant la fusion territoriale respectueuse des coutumes antérieures par la fiction de frontières nationales n’abritant plus que des individus obligés de se conformer de façon absolue aux préceptes de l’Etat extérieur qui s’érige en médiateur de la Morale. Le danger du remplacement des objectifs bornés de l’Etat classique par ceux globaux en vogue à l’époque actuelle tient avant tout dans les instruments d’analyse de leur caractère bénéfique, qui en appellent à l’affect et au ressenti du bien et du mal qui privilégient l’émotion sur la raison, préalable indépassable de l’endoctrinement.

Cette véritable transformation philosophique qui proposa un modèle mondial de fusion du temporel et du spirituel moral, couplée à une uniformité totale des références et de leurs implications, poussa les Etats qui s’en faisaient les concepteurs à l’imposer au plus grand nombre d’acteurs des relations internationales. S’ensuivit une double logique à la fois néocoloniale qui ne considérait plus seulement les territoires extérieurs comme sources de bénéfices mais comme cadres politiques à remodeler de fond en comble, et de hiérarchisation au sein du groupe se définissant comme « jus naturaliste ». Il n’était alors pas surprenant que la primauté finisse par revenir à l’Etat qui parvint à surclasser militairement et économiquement ses anciens compétiteurs, trop affaiblis par les vicissitudes qu’ils expérimentèrent dans la première moitié du XXème siècle. Cet Etat fut, à partir de 1945, les USA. Profitant de sa rivalité avec l’URSS qu’elle présentait comme l’anti-modèle le plus délirant, l’Amérique réussit à fédérer autour d’elle la plupart des gouvernements d’Europe de l’Ouest, qui non seulement imploraient sa protection face à l’ogre russe, mais se montraient fascinés par le libéralisme triomphant qu’elle exposait, utilisant toutes les recettes de son soft power pour séduire. La France de la IVème République, bien qu’acceptant de gérer les structures étatistes et socialisantes du programme du Conseil National de la Résistance, ne fit pas exception à la règle et seule la parenthèse gaullienne, qui sortit la France du commandement intégré de l’OTAN et tenta une politique de bascule, permit d’échapper un bref instant à l’américanisation des standards français. Cette réaction nationaliste ne cessa, depuis le président Pompidou, de s’affadir jusqu’au complet alignement mis en œuvre par les présidents Sarkozy et Hollande, faisant du pays l’un des relais américains les plus empressés au sein de l’OTAN.

Le suivisme presque automatique que Paris effectue par rapport à Washington serait incompréhensible au regard des logiques étatiques historiques qui, en tout temps, furent fondées sur l’intérêt propre. Un ministre de Louis XIV ne parviendrait donc pas à analyser le sens des politiques extérieures mises en œuvre par les derniers gouvernements français, sauf à suspecter une inimaginable prévarication qui aurait atteint les plus hauts sommets de l’Etat. Incompréhensibles et folles seraient pour lui des positions desservant les intérêts français en Europe, comme l’arrimage à la volonté d’abaissement de la Russie, qui ne peut parvenir qu’à une extension orientale toujours plus poussée de la sphère américaine, qui se sert pour ce faire de l’ambition allemande de devenir l’élève le plus appliqué de l’Otan au sein de l’Europe continentale, mettant au service de cette structure pilotée par Washington toutes les ressources ainsi que les liens tissés dans les anciens territoires Habsbourg qu’elle a à sa disposition. Cette émulation entre Etats clients, qui confine à la compétition enfantine pour se faire repérer de l’adulte qui les regarde, évidente entre la France et l’Allemagne qui rêvent l’Europe en forteresse du FMI, se retrouve également entre la France et le Royaume-Uni qui, dans tout le monde Arabe, font assaut de serviabilité auprès du Pentagone pour bombarder tous les régimes issus du post-nassérisme qui fonctionnent encore sur de pures logiques étatiques, favorisant des courants islamistes abondamment subventionnés par les USA et leurs créatures du Golfe arabique, dont l’aspect cruel et caricatural dessert tellement leur idéologie politique qu’ils sont les meilleurs propagandistes du modèle libéral d’Outre-Atlantique. Ces comportements, antagonistes de l’indépendance nationale des protagonistes qui les manifestent, ne peuvent s’expliquer par la rationalité classiquement suivie par les Etats mais seulement par le basculement qui s’est opéré au profit de l’idéalisme politique, dot la mise en œuvre repose sur l’exaltation de mécaniques sentimentales. Le modèle libéral n’est pas jugé à l’aune de sa performance réelle mais parce qu’il est préjugé comme menant au bonheur. Et puisque les USA sont désormais reconnus comme les dispensateurs de ce modèle, leurs Etats clients se disputent leur amour, autorisant ainsi le président Obama à déclarer le plus sérieusement du monde que le Royaume-Uni et la France pouvaient être considérées comme les deux filles de l’Amérique et qu’en tant que père, il ne pouvait que les aimer d’un égal amour. Conception féminisante de la politique qui ne poursuit plus comme but l’accomplissement d’un réel raisonnable mais ambitionne les seuls résultats de la séduction. Pente mortifère, en bas de laquelle le coq gaulois est menacé par le TAFTA de finir en poulet javellisé. Ce déclin volontaire et empressé, qui s’apparente à un masochisme aussi étonnant qu’exacerbé, se traduit, pour le pays, à aller jusqu’à saborder son propre pré-carré africain, ne perdant pas une seule occasion d’ouvrir aux intérêts américains son ancienne chasse-gardée. L’Opération Turquoise au Rwanda a, ainsi, débouché sur l’accession au pouvoir de Paul Kagamé, ancien collaborateur du FMI qui a joué un rôle des plus suspect dans les massacres de 1994 et de leurs poursuites dans le Zaïre, loyal féal de l’industrie minière américaine. L’Opération Licorne a installé à la présidence, en Côte-d’Ivoire Alassane Ouattara, choisi par le lobby des chocolatiers américains qui ne voulaient entendre parler ni du remplacement de la culture du cacao par celle de l’hévéa, ni du concept d’ivoirité qui aurait empêché l’exploitation à bas salaires d’ouvriers burkinabés. L’Opération Serval, quant à elle, pousse l’obligeance jusqu’à faire supporter à la France l’ensemble des couts de pacification du Sahel, dont l’exploitation minière s’internationalise à ses dépens.

Si l’Hermione de 2015 ressemble comme une sœur à celle qui a œuvré à l’indépendance américaine, il n’en est plus de même des logiques du gouvernement français, qui a renoncé à la puissance au profit de l’atlantisme le plus débilitant et néfaste à la haute culture que son peuple porte encore. Elle n’a voulu retenir des USA que ce qu’ils ont de pire et non recueillir le seul cadeau de valeur que ces derniers offrirent réellement au monde, le 17 septembre 1796, lors du Discours d’adieu de George Washington au peuple des Etats-Unis qui délivrait le conseil suivant : « La nation qui entretient pour une autre une haine habituelle ou un excès d’affection s’en rend esclave en proportion de la diversité de ses sentiments […] l’attachement excessif d’une nation pour une autre est une source de maux ; la nation favorite se prévaudra de cette sympathie pour mettre l’autre en mouvement par les illusions d’une communauté d’intérêts, lorsqu’il n’existera réellement point d’intérêt commun ; et en lui faisant partager ses haines ou ses amitiés, elle l’entrainera dans ses querelles ou dans ses guerres, sans aucun motif qui autorise cette conduite. […] La règle de conduite que nous devont nous appliquer le plus à suivre à l’égard des nations étrangères est d’étendre nos relations de commerce avec elles, et de n’avoir que le moins de relations politiques qu’il sera possible. »

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