Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Périple de l'éléphant roux

Ouvrage de Philippe Chiaverini - Malédiction à Baltimore et autres lieux

18 Juin 2019, 09:47am

Publié par Damien CHIAVERINI

Malédiction à Baltimore et autres lieux, que mon père Philippe CHIAVERINI vient de faire paraître en ce printemps 2018, est le récit d’une vendetta à caractère fantastique.

 

La haine que se noue, au sein des montagnes de l’Alta Rocca, deux familles de la Corse de l’Au-delà des Monts au mitan du XVIIIème siècle, culmine avec l’assassinat par Dominique Cesari d’un jeune enfant Peretti. Ulcérée par cet acte sacrilège commis sur la personne d’un innocent et dépositaire des pouvoirs de l’ochju, la grand-mère de celui-ci, Anghjulina, maudit leur meurtrier et sa parentèle sur quinze générations. Formule terrible, digne de l’Ancien Testament, que celle qui doit s’attacher aux rejetons d’une lignée promise à être régulièrement frappée par le sort. Et il n’est rien de dire que ni l’éloignement géographique, ni l’écoulement temporel ne viendront faire obstacle aux rendez-vous avec une Camarde qui veillera à faucher le plus brutalement possible les héritiers de ce sinistre destin.

 

Ainsi, de l’ouvreur de cette terrible boîte de Pandore qui s’en était allé combattre au loin pour aider à l’indépendance des jeunes Etats-Unis, jusqu’à son descendant qui, deux siècles plus tard, subit la décolonisation de l’Algérie, aucun ne réchappe à la sentence d’Anghjulina. La fatalité les rattrape toujours, quel que soit l’endroit dans lequel ils se trouvent, que leurs pieds foulent le sol glacé d’un combat furieux, arpentent un pays exotique ou s’arriment sur le pont d’un navire.

 

C’est d’ailleurs à un cheminement à travers les paysages de 200 ans d’Histoire militaire française que nous convie ce recueil de sept nouvelles. L’on ne peut certifier si les protagonistes s’y sont jetés avec l’espoir inconscient de changer leur avenir. Mais l’évocation de leurs rêves qui s’évaporent en même temps que leur vie fait étrangement écho au naufrage des fabuleux desseins politiques auxquels ils concourent, bien modestement. Et l’on se prend à songer que des rivages américains aux plaines polonaises, des embruns criméens aux fragrances indochinoises, c’est des dernières grandes ambitions territoriales françaises qu’on se fait spectateur, en même temps que de leur évanouissement.

 

Mais sont-ils réellement maudits ceux qui ont tout donné à une grande aventure ? Et, in fine, entrer dans la légende ne devient-il pas plus salvateur que durer dans le déclin ?

Commenter cet article