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Périple de l'éléphant roux

L'Orichalque de Platon

15 Janvier 2015, 16:21pm

Publié par Damien CHIAVERINI

Par son évocation du mythe de l‘Atlantide, le Critias de Platon enflamme l’imagination des Hommes depuis l’époque grecque. Déclarant s’appuyer sur des archives à l’antiquité des plus vénérables, compilées par Solon lors de son voyage en Egypte, il conte la guerre qui opposa, neuf mille ans avant ce temps, les peuples qui habitaient au-delà des Colonnes d’Hercule à ceux qui étaient déjà installés sur les territoires qui abriteraient, par la suite, les civilisations de la Méditerranée classique. Conflit majeur qui, aux dires de l’auteur, se solda par l’engloutissement d’un monde de haute culture, qui ne laissa guère comme trace qu’un limon infranchissable et qui fut suivi, pour les vainqueurs eux-mêmes, d’inondations cataclysmiques qui ne firent surnager que les reliefs les plus hauts qui forment la Grèce dans sa configuration actuelle, en les nettoyant de leur terre grasse et fertile pour finir par faire ressembler le pays à « un corps décharné par la maladie ».

Platon compose une description particulièrement grandiose de la métropole royale d’Atlantis, précisant, avec l’exactitude encyclopédique et enthousiaste de ce concepteur du Beau qui fut le maître d’Aristote, l’ordonnancement des différentes enceintes qui protégeaient l’île :

« Quant à l’île où se trouvait le palais des rois, elle avait un diamètre de cinq stades. Ils revêtirent d’un mur de pierre le pourtour de cette île, les enceintes et les deux côtés du pont, qui avait une largeur d’un plèthre. Ils mirent des tours et des portes sur les ponts et à tous les endroits où passait la mer. Ils tirèrent leurs pierres du pourtour de l’île centrale et de dessous les enceintes, à l’extérieur et à l’intérieur ; il y en avait des blanches, des noires et des rouges. Et tout en extrayant les pierres, ils construisirent des bassins doubles creusés dans l’intérieur du sol, et couverts d’un toit par le roc même. Parmi ces constructions les unes étaient d’une seule couleur ; dans les autres, ils entremêlèrent les pierres de manière à faire un tissu varié de couleurs pour le plaisir des yeux, et leur donnèrent ainsi un charme naturel. Ils revêtirent d’airain, en guise d’enduit, tout le pourtour du mur qui entourait l’enceinte la plus extérieure ; d’étain fondu celui de l’enceinte intérieure, et celle qui entourait l’acropole elle-même d’orichalque aux reflets de feu. »

La nature de ce dernier métal, censé être le plus précieux après l’or, est restée jusqu’à nos jours purement spéculative. Or, la découverte, au large de la Sicile, d’une épave vieille de 2600 ans, contenant 39 lingots d’un alliage, dont il n’avait pas été retrouvé trace auparavant, vient relancer le débat. La position du navire, près de la colonie grecque alors florissante de Gela, et son ancienneté, contemporaine de la visite qu’effectua Solon aux temples égyptiens, laissent supposer que la cargaison servait à l’intense production manufacturière de la cité et se composait du mythique métal. Son secret de fabrication, qui se distingue de l’électrum en usage sur les rives du Nil, aurait pu être transmis à et conservé par certains peuples d’Asie Mineure. Une hypothèse plus audacieuse permettrait de considérer la possibilité de circumnavigations avec des civilisations géographiquement plus proches de la position esquissée pour l’Atlantide et qui auraient été héritières de certains éléments de ce vieux monde, comme la science de la métallurgie développée par les sociétés pré-incas des Andes peut le faire rêver.

Ce qui est d’ores et déjà avéré est que l’alliage inusité découvert par l’équipe du Professeur Tusa se compose majoritairement de cuivre (près de 80%), d’un cinquième de zinc et de quantités infinitésimales de fer, plomb et nickel, révélant, une nouvelle fois, la complexité et le raffinement des connaissances antiques.

http://news.discovery.com/history/archaeology/atlantis-legendary-metal-found-in-shipwreck-150106.htm

http://decouvertes-archeologiques.blogspot.ie/2015/01/de-lorichalque-decouvert-dans-une-epave.html

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