Ouvrage de Philippe Chiaverini - De l'aulne à l'arganier

De l'aulne à l'arganier, paru fin mai 2014 chez Anima Corsa, évoque, comme la botanique de son titre peut le laisser deviner, l'envie d'Afrique du Nord qui s'empare de nombre de Français de la Belle Epoque. A travers l'histoire de son propre grand-père, Victorien Arreard, l'auteur raconte le destin d'un fils de paysans qui, à l'aube du XXe siècle, quitte sa charrue et les humides rivages de l'Aunis pour tenter l'aventure militaire, seule à même d'offrir une vie aventureuse à ceux qui n'ont pour richesses que la force de leurs rêves et la solidité de leur constitution physique. C'est à cette rude école du courage et de la persévérance que Victorien fait son apprentissage du métier de fantassin. Habile aux armes et grand sportif, il n'a pas pour ambition de se complaire dans la routine d'une vie de caserne et aspire au grand frisson que peuvent procurer les engagements coloniaux. Finalement versé dans les tirailleurs algériens, il part à la découverte d'un monde totalement nouveau pour lui, au sein duquel les ambivalences de la politique ultra-marine de la IIIe République sont compensées par la fraternité d'armes qui l'unit très étroitement à ses camarades issus des deux bords de la Méditerranée. Appelé avec son unité à participer à la campagne du Maroc, il connaît les grandeurs de la victoire et les misères des conceptions brouillonnes d'un haut commandement qui aime à parfois tourner en rond.

Chronique romancée de la vie des engagés des troupes coloniales, De l'aulne à l'arganier fait partager le quotidien d'hommes qui étaient autant habités par le goût des folles équipées que par le profond sentiment d'être utiles à leur patrie, de tradition ou de récente adoption. Habités par des rêves simples et instinctivement méfiants envers le lyrisme des idéologues, c'est par le pragmatisme de l'action qu'ils œuvrent au rapprochement des cœurs. Acceptant les contraintes d'une discipline qui est aussi utile au feu que parfois loufoque dans son systématisme et bercés par la voix d'officiers toujours soucieux de leur progression mais un tantinet phraseurs, ces groupes de tirailleurs participent à une odyssée que leur dévouement flegmatique rend très bellement humaine.